[ODD-le monde d’après] Investir dans l’accès à une eau propre et à l’assainissement
La crise du coronavirus montre l’importance de changer notre modèle économique. Pour fixer le cap d’un développement plus soutenable, une grille de lecture de référence, d’envergure internationale et universelle, existe déjà. Il s’agit des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) adoptés en 2015 par l’ONU. Déjà utilisés par de nombreux acteurs économiques et financiers, ils doivent aujourd’hui être regardés comme un outil opérationnel pour flécher les innovations et investissements vers les activités qui assureront la reprise d’une économie durable. Tous les jours, L’Essentiel de la finance durable vous propose un éclairage sur chacun des ODD.
L’OBJECTIF 2030
L’ODD n°6 vise un accès universel et équitable à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement d’ici 2030, en particulier pour les populations vulnérables. Il appelle également à une gestion durable et collective (en associant les populations locales) de cette ressource, notamment pour réduire le nombre de personnes souffrant de la rareté de l’eau. Cet ODD cible également la réduction de la pollution de l’eau ainsi que la protection et la restauration des écosystèmes liés à l’eau comme les zones humides. Les ODD étant interdépendants, la réalisation de chacun des objectifs nécessite de travailler sur les 17 autres pour assurer leur réalisation.
LA SITUATION ACTUELLE
Plus de 90% de la population mondiale a désormais accès à de meilleures sources d’eau potable. Mais la ressource en eau s’épuise. D’ici 2050, une personne sur quatre vivra probablement dans un pays touché par une pénurie chronique ou récurrente d’eau douce. La sécheresse affecte certains des pays les plus pauvres du monde, aggravant la faim et la malnutrition. Encore aujourd’hui, 2,4 milliards de personnes manquent d’installations sanitaires de base, telles que des toilettes, et plus de 80% des eaux usées résultant des activités humaines sont déversées dans les rivières ou la mer sans aucune dépollution.
L’accès à la ressource en eau est crucial en cette période d’épidémie, sachant que le lavage des mains est essentiel à la lutte contre la propagation du virus. Le manque d’hygiène sanitaire, notamment de toilettes individuelles, dans un pays comme l’Inde pourrait également se révéler dramatique en termes de contagion.
En France, l’un des indicateurs principaux de l’ODD n°6 est le rendement des réseaux d’eau potable, estimé à près de 80 %. Mais on manque de données sur le pourcentage de la population qui ne bénéficie pas d’un accès à une eau conforme aux exigences sanitaires.
LES INITIATIVES DES ACTEURS ECONOMIQUES
Le développement des solutions d’assainissement et l’investissement dans les fonds thématiques durables. Le financement nécessaire pour atteindre l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement est estimé trois fois supérieur aux investissements actuels, selon la Banque mondiale. Pour assurer l’assainissement de l’eau, plusieurs types d’entreprises sont clés dans le cycle de l’eau : les distributeurs, les entreprises technologiques qui travaillent sur la purification de l’eau et l’optimisation de la gestion de l’eau, ou encore les sociétés spécialisées dans la gestion des déchets et le recyclage. Ces valeurs sont regroupées dans des fonds dits thématiques (voir la liste Novethic des fonds verts). Attention, il ne s’agit pas de favoriser la privatisation et la financiarisation de la ressource en eau qui sont, elles, très fortement préjudiciables à la réalisation de l’objectif mais en cours dans certains pays comme l’Australie ou les Etats-Unis.
A noter que les services d’assainissement et d’accessibilité de l’eau sont clés en cette période d’épidémie.
Gestion et protection de la ressource en eau. Certaines entreprises, comme L’Oréal, travaillent sur une empreinte neutre en eau en optimisant la gestion, le traitement et la réutilisation de l’eau sur l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement. Par ailleurs, l’eau de source pouvant être polluée par des intrants chimiques, des entreprises de l’agroalimentaire comme Danone ou Nestlé aident à protéger et restaurer les écosystèmes autour des cours d’eau qu’ils utilisent pour leur approvisionnement. Ils contribuent cependant négativement à d’autres ODD en commercialisant de l’eau en bouteilles plastiques…