«En Afrique, l’élection n’inspire plus confiance. Il faut revenir à la signification du principe démocratique»
Nathalie Delapalme: « Cette crise sanitaire doit être l’occasion de définir un modèle de croissance plus vert, plus créateur d’emplois locaux, plus équitable, plus inclusif »
Nathalie Delapalme est directrice exécutive de la Fondation Mo Ibrahim — du nom de son créateur, un milliardaire anglo-soudanais et entrepreneur dans le domaine des télécommunications —, qui a pour mission d’aider l’Afrique à se débarrasser de ses dictateurs corrompus et publie l’indice Ibrahim de la gouvernance, qui établit un classement des performances réalisées par les 54 pays du continent.
Quels enseignements tirez-vous du dernier indice Ibrahim ?
Six Africains sur dix vivent dans un pays dont la gouvernance est meilleure qu’en 2010. Mais, pour la première fois depuis 2010, le niveau de gouvernance globale en Afrique baisse (- 0,2 point) en 2019. C’est un signal à prendre en compte. En fait, la progression ralentissait depuis plusieurs années au point d’aboutir à ce résultat qui traduit une évolution divergente des dimensions de la gouvernance. Des progrès ont été réalisés en matière de développement économique et humain. Toutefois, ils s’essoufflent et ne sont plus en mesure de compenser la dégradation du système démocratique, de l’état de droit, de la participation de tous à la vie politique et économique, des libertés et droits fondamentaux. Tout miser sur le développement économique et humain n’est pas soutenable à long terme et représente un pari fragile dans notre monde globalisé. Aucun gouvernement ne peut se prémunir contre l’impact, inattendu et dévastateur, d’un choc exogène comme la Covid.
Quels sont les bons et les mauvais élèves ?
Pour une vision complète, il faut considérer à la fois le point d’arrivée et les tendances. En 2019, sont en tête de peloton Maurice, le Cap Vert, les Seychelles, la Tunisie, le Botswana et l’Afrique du Sud. Mais la trajectoire de Maurice et de l’Afrique du Sud se dégrade depuis quelques années. Sur la décennie, les pays qui progressent le plus sont la Gambie, la Côte d’Ivoire, la Tunisie, les Seychelles, le Zimbabwe, l’Ethiopie, la Somalie, l’Angola, le Tchad et la Namibie. Les détériorations les plus fortes sont relevées en République démocratique du Congo, aux Comores,…
Source : L’opinion