PIERRE VICTORIA : LES ACCORDS DE 2015 INVITENT A UNE RESPONSABILITE COMMUNE VIS-A-VIS DE LA COMMUNAUTE HUMAINE (Paris)
2015 s’achève sur l’accord de Paris sur le climat, qualifié d’historique par la plupart des commentateurs. Pour les acteurs du développement durable, c’est l’année 2015 toute entière qui est historique : trois accords majeurs ont, en effet été négociés au cours de cette année par l’Organisation des Nations-Unies : le Programme d’action d’Addis Abeba sur le financement du développement pour l’après-2015 adopté en juillet; les 17 objectifs du développement durable adoptés en septembre qui se substituent et prolongent les objectifs du millénaire pour le développement ; et enfin l’accord de Paris sur le climat.
Pour la première fois dans l’histoire de l’ONU, l’agenda du développement et de l’environnement sont alignés, comme si tous les acteurs s’étaient rangés au constat de Pavan Sukhdev sur le lien inextricable entre pauvreté, affaiblissement des écosystèmes et perte de biodiversité et à sa recommandation de tenir compte des limites planétaires pour déduire des politiques publiques soutenables dans une perspective de long terme. Au-delà de l’émergence d’une vision du développement durable plus sociale-écologique que par le passé, il faut souligner les éléments de cohérence entre les préconisations d’actions de ces accords successifs : un clivage Nord-Sud qui s’estompe ; une responsabilisation accrue des Etats ; la reconnaissance du rôle des acteurs économiques dans la mise en œuvre des solutions.
C’est ce nouveau décor qui constitue désormais le cadre de référence et d’action sur la soutenabilité du monde. Il amène chacun des acteurs à clarifier son champ d’intervention. Sur le plan climatique, l’année 2016 sera forcément celle de l’adaptation des territoires aux phénomènes extrêmes. Et si on habille ces politiques sous le joli mot de résilience, c’est aussi pour rappeler que les pauvres des pays pauvres sont les plus vulnérables face à l’augmentation des phénomènes extrêmes. Et ce sont ceux aussi qui n’ont ni accès à l’eau, ni à l’assainissement, ni à l’électricité. Ce sont des territoires plus sûrs, plus intelligents et plus bienveillants que nous avons à construire dans le cadre de nouvelles alliances entre acteurs. C’est à cette responsabilité commune à l’égard de la communauté humaine que nous invitent les accords de 2015.
Pierre Victoria, directeur du développement durable chez Veolia et membre de (Re)sources